De l’art de définir quelque chose simplement

Ho ho ho, petites filles et petits garçons qui venez de rentrer sur ce « blog », je vous souhaite la bienvenue. Vous allez pénétrer dans un monde merveilleux, fait de batailles gigantesques et de fraternités fraternelles. Un monde où le moindre de vos mots est décortiqué, pesé, soupesé et renvoyé vers vous à la vitesse d’un missile russe parvenant enfin à cibler un navire impérialiste. Un monde où…

Je vends bien mon produit ?

Les A.M.H.E. qu’est-ce que-c’est-donc-quoi-donc ?

En fait, aujourd’hui, je vais initier ce blog, que dis-je, ce haut lieu de culture, par une explication simple sur notre mystérieuse discipline sportive (dans les dents) et martiale (re-dans les dents). Les A.M.H.E.

C’est quoi les A.M.H.E. ? Si vous n’avez pas cliqué sur le petit bouton AMHE au-dessus, je ne peux que vous conseiller de le faire, puis de reprendre votre lecture ici.

Vous ne voulez pas ? Bon, tant pis, je recommence.

Les AMHE, c’est un barbarisme linguistique d’une lourdeur incomparable à tout autre. Contrairement à ce que certains peuvent penser, je ne parle pas de l’association des médecins haïtiens à l’étranger, qui est aussi porteuse du nom, mais bien de l’ensemble de disciplines (pouah) martiales qu’il désigne depuis maintenant une petite dizaine, non, disons une vingtaine d’années maintenant, en incorporant les vieux catarrheux tout rhumatisants qui ont joués le rôle de pionniers.

A pour Arts. M pour Martiaux. H pour Historiques. E pour Européens.

C’est simple non ? Les A.M.H.E. ce sont les arts martiaux pratiqués autrefois en Europe, pratiqués de nouveau de nos jours.

La FFAMHE, en 2080. Et manifestement, il y a toujours le même problème…

Halala, je te vois venir, toi le polémiste, avec tes gros sabots et ta culotte courte : « Mais, monsieur le rédacteur bénévole, l’Europe, c’est vague. Et pis, les Arts-Martiaux, c’est oriental, non ?« 

Ah, jeune lecteur, ta naïveté me réchauffe le cœur. En fait, oui, tout d’abord, l’Europe, c’est très vague. De puissants lobby me soufflent actuellement, canon à eau braqué sur la nuque, que la Turquie est européenne. Mais peu-me-chaut, je n’ai pas peur de l’eau. Disons simplement que l’Europe correspond grossièrement à l’aire culturelle occupée par ce que certains appellent le « Christianisme Triomphant ».
Et oui, pour le second point, tu as également raison, lecteur sautillant: les arts-martiaux sont bien associés, dans l’imaginaire collectif, à l’Asie et au Japon. La faute, ou plutôt grâce à l’excellent cinéma asiatique qui a su populariser en quelques décennies les cabrioles aujourd’hui célèbres de chinois aussi athlétiques qu’inconnus du public occidental.

Meister Lee, qui a parcouru de nombreux pays, motivé par le désir de connaître et de parfaire cet art rationnel et véritable.

Les seconds responsables de la popularisation des arts-martiaux orientaux dans les pays occidentaux, ce sont les quelques professionnels du combat qui ont fait rentrer ces activités dans le champ du sport et par là même de la respectabilité internationale. Je vais surement en faire hurler plus d’un, mais pour moi, et c’est généralement l’idée qui trotte dans l’esprit des historiens de ces disciplines, trois personnes matérialisent parfaitement les différents chemins qui ont menés à l’idée actuelle que l’on se fait des disciplines martiales:

  • Kano Jigoro, le créateur du Judô
  • Funakoshi Gichin, le père du Karate Shotokan
  • Ueshiba Morihei, le fondateur de l’Aikidô

Trois personnes, trois branches différentes. D’abord une vision sportive et éducative, qui recherche un rapport sain avec la société. Puis un projet moderne d’art martial, conciliant combat et éthique. Enfin, une vision spirituelle et religieuse, profondément influencée par la non violence et l’harmonie. (je vous ai prévenu, je SIMPLIFIE).

En bref, trois projets qui occupent chacun des espaces fondamentaux pour les arts-martiaux: le sport, la défense de soi, la spiritualité.

Et c’est ici qu’intervient la notion de patrimoine. Car, en fait, les arts-martiaux sont intimement liés à la notion de patrimoine. Pourquoi apprendre à manier un sabre, une hallebarde, un arc ou encore un kusari-gama, dans notre monde bourré de lois anti-armes et de caméras factices (deux sur trois, dit la rumeur), si ce n’est pour le patrimoine, la culture, ou l’auto défense nostalgique des révoltes paysannes ?

Des amoureux du patrimoine

Comme le monde à changé depuis ces temps béni. Votre serviteur lui-même n’a pas connu ces temps anciens, où le mot source désignait un point d’eau où de vaillants traineurs de rapière allaient s’abreuver, entre deux combats.

Comment, qu’est ce que c’est qu’une source ? Ah, comme je suis heureux que vous posiez la question.

La source, c’est l’origine et la finalité des A.M.H.E., tout simplement.

Plus haut, je parlais des arts-martiaux orientaux. Les sources historiques (j’entends par là les textes techniques témoignant de ces pratiques) qui en parlent sont rares, souvent très lacunaires et peu précises.
En Chine, on considère que c’est le manuel de Qi Jiguang (1528-1588) qui est le premier témoin écrit d’un art martial. Il s’agit en fait d’un manuel d’instructions militaires dans le cadre de la lutte contre les wakô (pirates) japonais.
Au Japon, c’est l’école Tenshin Shōden Katori Shintō-ryū (1447) qui est considérée comme la plus vieille lignée avérée d’enseignement martial. Et qui, accrochez-vous à vos ceintures, est un art martial révélé par les dieux. Même Moïse n’aurait pas osé.

Paulus Hector Mair reçevant le Codex I.6.4º.2

En Occident, ou en Europe, ou en « insérez la manière dont vous voulez appeler la chose en question« , le premier document écrit retranscrivant un art martial date de la fin du XIIIe siècle. Ou du début du XIVe. Ou de la fin du XIVe. S’ensuivent alors une brave brochette de documents tentant, tant bien que mal, de définir ce qu’est l’escrime, la lutte ou toute autre forme de système ayant pour finalité de faire mal à autrui. Et quand je parle de brochette, je parle bien sûr de ce truc énorme et volumineux qu’on fait griller pendant l’été (non, pas ça, bande de petits salauds, l’autre truc qu’on fait griller. Celui qu’on mange. Autour d’une table. Avec une fourchette). A vrai dire, on connait mal le nombre de documents historiques relatant un ou plusieurs arts-martiaux. Les plus récents inventaires font état de centaines de textes différents, répartis dans un nombre encore plus élevé de livres, de manuscrits ou d’incunables.

Les A.M.H.E. consistent à utiliser ces objets. Plus précisément, ils consistent à suivre les recommandations de ces objets pour réaliser le geste décrit. Ils tentent ainsi de découvrir la vérité au sujet de l’art martial dont la source est désormais l’unique témoin. Un peu comme dans Witness, avec Harisson Ford, les Amish en moins.

Le regard du guerrier des temps modernes. Le chapeau joue pour beaucoup dans cette histoire de regard…

Une fois Harrison… je veux dire le pratiquant bien imprégné du geste martial qui a studieusement copié sur la source textuelle et/ou graphique, il commence à le mettre en pratique avec ses petits camarades.

Et c’est là qu’il faut préciser une chose qui me tient à cœur : ceci n’est pas de la reconstitution. Pas vraiment. Pour tout un tas de raisons trop complexes à décrire ici, mais la principale étant que cela se fait en survet, avec des épées contemporaines, des masques d’escrime et beaucoup d’inconnues en termes de compréhension.

Oui, je sais, ça fait beaucoup de problèmes à poser et à résoudre. Une autre fois, camarade lecteur.

La prochaine fois, nous nous attaquerons au Necronomicon, ainsi qu’aux saletés que les escrimeurs laissent parfois trainer dans les pieds de leurs petits camarades. Oui, leçon de civisme en vue.

Mais comment est ce qu’on dit « à gauche » en allemand ?

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